Gala Dionne
Production culturelle
25 janvier 2022
Le 21 janvier dernier, le second opus de Vincent Roberge, alias Les Louanges, voyait le jour. Nous nous retrouvons devant un album de quinze morceaux produits sous la bannière de Bonsound. Catapulté dans l’industrie musicale avec son EP La nuit est une panthère en 2018, Vincent abordait la vingtaine. Il nous revient en ce début d’année avec cet album plus mature et plus assumé.
Crash met en lumière des épreuves vécues par l’artiste dans les trois dernières années. Côté mélodies, l’album est parsemé de notes plus expérimentales et plus éclectiques, ce qui crée une rupture avec ce que nous avions entendu de cet artiste. Corneille, celui que Vincent surnomme le king du R&B au Québec, figure sur la chanson-titre.
Un album très attendu
Avec le succès marqué de son EP précédent, Vincent a capté l’attention du public et de la critique. Son succès l’a mené en tournée et l’a fait remporter pas moins que trois prix Félix Leclerc et un prix Juno. Ainsi, la pression était grande pour proposer une suite. Or, avec Crash, Vincent réussit son pari en livrant le résultat d’un exercice de haute voltige et bien senti.
Cet été, je me suis retrouvée par hasard dans les studios de Bonsound et j’ai eu la chance d’entendre en primeur des bribes de l’album. La chanson Dernière m’avait particulièrement touchée. Dès les premières tonalités entrées dans mes oreilles, je savais que cet album serait imposant et différent du premier. J’en déduis que Vincent n’a pas voulu refaire la recette gagnante de son succès précédent. On voit que l’artiste passe à un autre stade de la création, en y intégrant une intensité, les constats d’une introspection et des tonalités musicales sorties du lot.
Y aller à fond
Le multi-instrumentiste, originaire de Lévis, a profité de la pandémie pour créer Crash. Il a voulu illustrer dans son œuvre les aléas de la vingtaine, une période forte en turbulences pour plusieurs.
Ainsi, Vincent se livre viscéralement dans ses textes en abordant différents propos toujours en lien avec sa période de vie. Il valse donc entre les thèmes de la rupture amoureuse et de l’intensité dans toute sa polysémie. Souvent associé à la mélancolie et à la nostalgie, Les Louanges trouve un équilibre entre des thèmes profonds et d’autres plus légers.
Pour l’artiste, chaque chanson figurant sur l’album représente en effet un impact positif ou négatif, d’où le titre Crash. L’idée principale de son œuvre est celle d’aller à fond dans tout, et ça se sent dans cet album, aussi intense que délicat par moments.
Une fusion de styles
La première chanson de l’opus, Prologue, donne bien le ton pour la suite. On entend l’influence de ses principales inspirations musicales : Terrace Martin (producteur de musique) et Robert Glasper (pianiste de jazz). À l’évidence, les racines musicales de Vincent sont mises de l’avant ; ce dernier ayant fait des études de musique jazz dans le passé. On remarque également une fusion de styles musicaux.
Des morceaux comme Chérie et Dernière dégagent une vulnérabilité et une délicatesse, en contraste avec le maximalisme et les sonorités presque industrielles de Cruze. Cette chanson propose même un rythme cadencé presque hardcore. Pour le reste, certaines compositions se rattachent à la pop tandis que d’autres sont plus expérimentales. C’est le cas avec le morceau Gaston qui introduit un enregistrement du poète québécois Gaston Miron. Vincent avait l’idée d’intégrer cet extrait de poésie dans sa musique depuis longtemps déjà.
En somme, il est difficile de décrire le style de cet album éclectique. Le coréalisateur, Félix Petit, avait un jour suggéré à Vincent de décrire sa musique comme du « R&B conscient ». Chose certaine : le jazz demeure présent dans cette œuvre. Ce style s’entend dans les performances au saxophone de Félix Petit. Depuis longtemps, Vincent rêvait d’avoir des choristes pour accompagner son travail. Ce rêve s’est réalisé avec Crash, car on peut y entendre les choristes Marie-Christine Depestre et Dawn Cumberbatch.
Une écriture efficace
En ce qui concerne les paroles, je soulève un travail d’écriture fort et efficace. Au fil des pièces, Vincent mise sur un langage universel et compréhensible. Le vocabulaire employé rejoint celui que monsieur madame tout le monde utilise dans la vie de tous les jours.
Enfin, dans l’entièreté de cet album, Les Louanges se livre à nous sans retenue, avec intensité et sans considération pour les conséquences. Une oeuvre sensible qui se déploie sans aucune complaisance et suivant une exécution impeccable. Bref, un atterrissage contrôlé dans le plus fin détail !
Merci à Annie Boutet et à son expertise pour le travail de révision et pour les modifications.
Yorumlar