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Bon, mais pas beau : Le Successeur

Le Successeur, un film de Xavier Legrand

 

Je ne m’étais pas renseignée une seule seconde sur le contenu de ce film, ni sur les sujets qu’il abordait. Je crois que c’est ce qui a rendu le visionnement une expérience encore plus intéressante. Je m’attendais à voir une histoire de succession où les potentiels héritiers entrent en compétition pour un potentiel butin d’une valeur assez élevée. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’ai constaté qu’il en était autrement.


Le Successeur est un film réalisé par Xavier Legrand issu d’une collaboration entre le Québec, la France et la Belgique. L’histoire met en scène Élias (Sébastien), un Québécois dans la trentaine qui travaille dans la haute couture et qui connait un franc succès en France, pays qu’il occupe depuis déjà 20 ans. Il apprend la mort de son père au Québec avec qui il a coupé contact depuis des années. Il doit donc préparer un bref retour en sa terre natale pour régler la « paperasse » des funérailles et de la succession. S’en suivront alors des événements assez inattendus, pour ne pas dire horribles.


Québécois jusqu’à la moelle

Le premier aspect du film qui m’a frappé fut le rôle de l’accent de Sébastien. Ce qui aurait pu paraitre comme un simple détail pour d’autres m’a semblé être un élément significatif du scénario. En effet, comme il vit en France depuis plus de deux décennies, il est compréhensible qu’il ait assimilé la culture de ce pays et par la même occasion, l’accent français. Après être revenu au Québec, Sébastien vit un profond traumatisme à la suite d’une choquante découverte dans le sous-sol de son défunt père. C’est à ce moment qu’il retrouve son accent québécois. Cet élément m’a intrigué, car je l’ai vu comme une analogie de sa vraie personne.


« Comme s’il s’était construit un personnage pour sa vie en France et qu’il avait dû abandonner cette façade pour passer en mode survie. »


Mettre de côté cette facette superficielle de lui-même pour retrouver sa nature profonde pour un court instant. On remarque également que lorsqu’il est l’heure pour Sébastien de retourner en France, il retrouve son accent français. Sans doute un moyen pour lui de fuir l’horrible épisode qu’il a vécu, comme un système de défense.


Qui a parlé de musique?

J’aime toujours commenter la trame sonore des films que j’écoute, malheureusement pour moi, ce ne sera pas concrètement possible pour celui-ci. Le Successeur est un film avec très peu de musique. Habituellement, ce ne sont pas mes préférés, je crois qu’une bonne musique agencée à la bonne scène peut faire vivre beaucoup plus d’émotions qu’une image ou des paroles. Toutefois, je dois avouer qu’une trame sonore aurait été de trop dans ce cas-si. Ce fut l’absence de son qui provoqua chez moi le plus de sensations en restant à l’affut des moindres faits et gestes. C’est d’ailleurs cet aspect qui en fait un excellent film à suspense en captivant l’auditoire du début à la fin.


Plus qu'un jeu d'acteur

Je parle de l’effet puissant de l’absence de bruit de fond, mais bien sûr, cet élément ne constitue pas toute l’excellence du film. L’incroyable jeu d’acteur de Marc-André Grondé y est pour beaucoup. Ce que j’ai le plus apprécié, c’est qu’il me paraissait vraisemblable et humain. Il nous a offert des réactions émotionnellement pures qui m’ont touché si profondément que j’ai eu du mal à le regarder quelques fois. Ce qui m’amène à conseiller ce film à quiconque, car il s’agit d’un bon film, mais il ne s’agit pas d’une belle histoire. Les cœurs sensibles comme moi pourraient en avoir beaucoup à dire.    

 


Marion Dumas

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